Les (mauvais) arguments dans un débat n°3 : l’argument d’autorité

Publié le par Laurent

Argument d'autoritéAlors que les attaques ad hominem (article n°1) et ad personam (article n°2) visent à discréditer son contradicteur, l’argument d’autorité repose sur la mécanique inverse : estimer d’avance les propos d’une personne ou d’une organisation comme légitimes, sans vérification.

Un exemple typique de cette manière de faire est de mettre en avant les diplômes d’un « expert » auquel on se réfère. Sur ce blog, ce sophisme a été utilisé pour défendre des positions anti-vaccins, en se basant sur les déclarations du professeur Henri Joyeux (qui a été radié de l’ordre des médecins en juillet 2016) :

Joyeux dangereux ? Si je ne partage pas toutes ses idées il reste un type compétant, sérieux et sincère..

Le Professeur Joyeux radié, il reste « dangereux pour la population »

Excepté qu’Henri Joyeux n’est pas compétent dans le domaine de la vaccinologie, il est cancérologue. Ses positions sur les vaccins ne sont pas fondées sur des faits reconnus médicalement, il s’agirait plutôt de « contre-vérités », dixit l’ordre des médecins.


Certains commentateurs ne s’embarrassent même pas de citer des personnalités connues :

je sais de quoi le parle, car je l'ai étudié à fond, et pas seulement au niveau des photos et vidéos, mais aussi au niveau de la technologie, car je suis ingénieur aérospatial (et aussi informatique); j'ai créé un site extrêmement fourni sur le sujet, avec des pages très scientifiques

Les grandes intox scientifiques (2/2)

Il faut toutefois nuancer la notion d’argument d’autorité, au risque de tomber dans un relativisme absolu. Citer Darwin lorsqu’il s’agit de l’évolution ou Einstein à propos de la relativité n’est pas un argument d’autorité. On se place dans le champ du débat scientifique : leurs théories sont vérifiables, basées sur des méthodes et des preuves discutées, testées et validées par le reste de la communauté des chercheurs. Ainsi, ces théories peuvent être réfutées si une meilleure théorie ou preuve est proposée pour expliquer les mêmes phénomènes.

Par contre, citer Darwin pour parler de la relativité et Einstein pour ce qui est de l’évolution est un argument d’autorité. Il s’agit d’une méthode couramment employée par les climato-sceptiques : s’appuyer sur les déclarations de scientifiques reconnus… mais dans d’autres domaines !

Ils n’ont donc pas l’expertise nécessaire pour se prononcer sur le sujet en question et aucune de leurs études ne vient confirmer leurs affirmations (puisqu’ils travaillaient sur d’autres sujets).

Article à suivre : la contamination des sujets

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