« Avons-nous de bonnes raisons de croire ce que nous lisons sur Twitter ? »

Publié le par Laurent

« Avons-nous de bonnes raisons de croire ce que nous lisons sur Twitter ? »

Cette question est celle posée par Pierre Bonnier (ENS-EHESS) dans son article « Confiance épistémique et réseaux sociaux », paru en 2013. La réponse qu’il en donne est plutôt positive et il le démontre avec des exemples convaincants, concernant des situations de crise.
Cependant, cette analyse ne prend pas suffisamment en compte les stratégies sophistiquées d’intoxicateurs diffusant rumeurs et théories du complo
t.

Un faux tweet = un krach boursier

L’article de de Pierre Bonnier débute par l’exemple du piratage d’une agence de presse américaine, le 24 mai 2013, qui avait entraîné un dévissage à Wall Street, suite à la publication du tweet ci-dessous :

« Avons-nous de bonnes raisons de croire ce que nous lisons sur Twitter ? »

L’impact a été immédiat à la bourse de New-York, une chute de 136 milliards de dollars en quelques secondes. Pierre Bonnier explique ce mini krach, non pas en raison de courtiers peur vigilants, mais de la faute du « trading à haute fréquence qui utilise des outils analysant automatiquement part mots-clefs ce qui se passe sur Twitter ». Trois minutes plus tard, après analyse humaine, tout était revenu à la normale.

Le jugement critique des twittos

Ainsi, pour Pierre Bonnier les utilisateurs de Twitter seraient capables d’exercer un jugement critique « pour trier le bon grain de l’ivraie » dans le flux d’information. Il explique que les « fausses rumeurs sont rapidement démenties par un grand nombre d’utilisateurs, ce qui stoppe leur propagation ».

Pour exercer ce jugement critique, l’auteur indique que les internautes disposent d’indices tels que « le ratio followers / following, le nombre de tweet que le profil a déjà postés, s’il a une photo de profil, s’il présente une notice biographique sérieuse et si celle-ci donne des informations quant à sa compétence sur le sujet en question ».

Il en conclut que, sur Twitter, « le fait que des informations soient produites par des auteurs dont ne nous ne connaissons pas directement la réputation ne semble donc pas constituer un obstacle épistémique majeur, d’autres indices de fiabilité étant disponibles ».
Donc, selon lui, une analyse rapide de l’audience, de la popularité et/ou de la transparence d’un compte Twitter constituerait des éléments de nature à inspirer confiance concernant une information.

Au-delà des personnes, des informations inspirant la confiance ?

Or, sur Twitter, mais encore plus sur Facebook ou d’autres réseaux sociaux, la propagation de rumeurs est souvent le fait de personnes que nous suivons et auxquelles nous accordons déjà notre confiance (amis, famille, affinités politiques, sociales, etc.). Toutefois ces personnes parfois crédules ne sont pas toujours outillées, ou ne prennent pas le temps, pour décrypter des informations d’apparence vraisemblable, qui sont retweetés ou likés, en une seconde.
Dans ce contexte, chacun peut tomber dans les pièges, de plus en plus sophistiqués, tendus par des intoxicateurs, par exemple des contrefaçons de sites de journaux ou des vidéos truquées.

Ainsi, pour croire à ce que nous lisons sur Twitter, et plus généralement sur Internet, les informations délivrées par le profil d’un compte n’apparaissent pas suffisantes. Le regard critique doit également s’exercer sur l’origine, le support et la propagation de l’information elle même.

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