Les (mauvais) arguments dans un débat n°4 : la contamination des sujets

Publié le par Laurent

Logo de danger de contamination biologique« Comparaison n’est pas raison » a dit Voltaire, ce qui pourrait passer pour… un argument d’autorité ! Heureusement, cet adage est aussi un principe méthodique scientifique essentiel. De sorte, il permet de mettre en cause les comparaisons inappropriées, utilisées pour prendre l’avantage dans un débat. L’exemple le plus célèbre de ce sophisme est le point Godwin, dont l’un de mes contempteurs en a donné un bel exemple :

Le problème c'est surtout que vous voyez le mal partout et vous ne savez même plus faire la part des choses, donc si Hitler avais dis que la terre tournait autour du soleil, bah vous diriez qu'il raconterait des conneries juste histoire d'avoir le sens de la contradiction.

Thierry Casasnovas : l’avez-vous cru ?

Hormis le point Godwin, le recours à la comparaison conduit à mélanger différents sujets pour les légitimer mutuellement ou les discréditer :

votre discours est le même que les pro-nucléaires qui affirment que la radioactivité est naturelle qu'il y en a naturellement sur la terre ! OUI ! sauf que la radioactivité ne se déplace pas. Par contre, cellecréée par les hommes se déplace, est plus meurtrière !

L’électrosensibilité : un mal-être instrumentalisé par des intoxicateurs

Lorsque l'amiante n'était pas encore reconnue comme dangereuse, des tas de pseudos défenseurs des "personnes fragiles", à la botte de l'industrie du bâtiment, divulguaient à foison ce genre d'article. A cette époque Claude Allègre dénonçait "une psychose collective". Résultat : des millions de morts !

L’électrosensibilité : un mal-être instrumentalisé par des intoxicateurs

L’évocation de l’amiante est quasi-systématique dès qu’il s’agit de mettre en doute les discours rassurants à propos des « futurs scandales sanitaires », dans le cas présent : l’électrosensibilité. Or, les bases scientifiques mettant en évidence la nocivité de l’amiante sont anciennes (idem pour le tabac), c’est au niveau de la décision politique que les choses ont traîné. Il n’en va pas de même pour les « nouveaux scandales », qui n’ont pas de preuves scientifiques solides à apporter.

De même, certains se réfèrent à d’illustres scientifiques pour justifier leurs opinions :

Pasteur a du se battre contre des gens comme vous pour faire avancer la biochimie. Remettre en cause un "système" n'est ni absurde, ni vain, c' est une preuve d'intelligence.

Thierry Casasnovas : l’avez-vous cru ?

Problème, Louis Pasteur a réalisé un travail basé sur des faits, et ses thèses ont été évaluées sur la base de ces faits : le « système » scientifique marche très bien, merci pour lui.

Il ne suffit donc pas de se réclamer d’une figure tutélaire pour faire avancer son argument.

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P
Il faudrait quand même mettre un peu la pédale douce avec les points Godwin. L'idéologie nazi, ses conséquences à la fois passées et présentes dans l'histoire du monde, sont telles que cela imprègne notre quotidien politique et notre univers mental.<br /> Il est donc admissible de s'y référer comme à un symbole compréhensible par tous de ce qu'on veut dire, et il n'y a pas forcément mélange des genres si c'est une façon d'exprimer un ressenti (justifié ou non) comme dans l'exemple que vous donnez. Face à un point Godwin maladroit mais de bonne foi, il vaut mieux examiner l'argument sous-jacent et y répondre, ce qui permet éventuellement d'ajouter des explications qui serviront aux lecteurs de passage.
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